Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Fin du Pétrole
8 janvier 2013

Un navire de forage de Shell s'échoue en Alaska

Le Monde.fr | 02.01.2013

 

 

C'est un nouveau contretemps pour Shell dans sa tentative de forer les immenses réserves en hydrocarbures de l'océan Arctique. Un navire de forage de la compagnie anglo-hollandaise s'est échoué, mardi 1er janvier, au large des côtes de l'Alaska, selon une déclaration conjointe du pétrolier et des garde-côtes américains, retransmise par l'Associated Press.

Le Kulluk, qui transporte 600 000 litres de diesel et environ 50 000 litres d'huile de graissage et de liquide hydraulique, était en difficulté depuis jeudi. L'amarre de l'un des deux remorqueurs qui devaient l'emmener à Seattle pour des opérations de maintenance avait en effet rompu, en pleine tempête, au sud des îles Kodiak, dans le golfe d'Alaska. Les tentatives répétées pour le contrôler étaient alors restées infructueuses. Samedi, les 17 membres d'équipage avaient été évacués en prévision d'un renforcement de la tempête.

 

Deux jours plus tard, alors que les vents atteignaient 120 km/h et les vagues 15 mètres de haut, le second remorqueur a dû se séparer du Kulluk pour se mettre à l'abri, laissant le navire de forage s'échouer vers 21 heures locales sur une plage de sable et de gravier de l'île inhabitée Sitkalidak, près de l'archipel Kodiak.

Aucun dégât ni marée noire n'ont été signalés par les deux avions des garde-côtes qui ont survolé, mardi, la plate-forme, pilonnée par une mer déchaînée. "Il n'y a aucun signe d'une violation de la coque ni de fuite de pétrole", a assuré le capitaine Paul Mehler, le coordinateur fédéral en charge de l'accident. Quand la météo le permettra, Shell, qui a mobilisé 250 personnes pour mettre fin à cet échouement, a prévu de faire monter des experts maritimes à bord du navire afin d'élaborer un plan de sauvetage. Une enquête sur les causes de l'accident sera ensuite menée.

Les faibles quantités de pétrole ainsi que la technologie du navire, équipé d'une double coque en acier renforcé de 8 centimètres d'épaisseur, laissent les experts penser que la précédente catastrophe environnementale au large de l'Alaska – le déversement de 39 000 tonnes de brut du pétrolier Exxon-Valdez en 1989 – ne se reproduira pas.

Les opérations de sauvetage sont rendues difficiles par la tempête qui touche les côtes du golfe de l'Alaska.

Toutefois, Ed Markey, représentant du Massachusetts, et démocrate le plus haut placé au sein du comité des ressources naturelles de la Chambre, s'est dit préoccupé par la situation du Kulluk. "Les compagnies pétrolières continuent d'affirmer qu'elles peuvent conquérir l'Arctique, mais l'Arctique reste en désaccord avec elles, a-t-il déploré dans un communiqué mardi. L'expansion des forages pourrait s'avérer désastreuse pour cet environnement sensible."

Lire : L'Arctique, terre promise pour les compagnies pétrolières ?

"Shell et ses sous-traitants ne sont pas à la hauteur des conditions météorologiques extrêmes de l'Alaska, pour les opérations de forage comme de transport, a renchéri Lois Epstein, directrice du programme arctique de la Wilderness Society, une ONG environnementale. La très coûteuse expérience de forage de Shell dans l'océan Arctique doit être arrêtée par le gouvernement fédéral ou par Shell elle-même compte tenu des risques inacceptables qu'elle pose pour les humains et l'environnement."

SÉRIE DE PROBLÈMES TECHNIQUES

La plate-forme Kulluk, ainsi qu'une autre, Discoverer-Noble, a été mise en service à l'été 2012 pendant quelques mois afin de forer des puits d'exploration dans la mer de Beaufort et la mer des Tchouktches, au large des côtes nord de l'Alaska. Une première dans les eaux arctiques américaines depuis plus de deux décennies. Mais cette opération ambitieuse – contrôlée par les autorités américaines et des ONG de défense de l'environnement – a rencontré des problèmes techniques dès le départ, raconte le Wall Street Journal.

Icebergs au Groenland en juillet 2007.

En juillet, le Discoverer-Noble a failli s'échouer sur les côtes de la ville d'Unalaska lorsque son ancre s'est détachée, avant d'être finalement remorqué. En septembre, Shell s'est aperçu que l'un de ses navires, Artic-Challenger, doté d'un système censé éviter tout risque de marée noire, avait été endommagé, ce qui l'a conduit à repousser le début des opérations de forage à 2013. Enfin, la semaine dernière, une inspection des garde-côtes américains sur le Discoverer-Noble a mis en évidence des défaillances de la propulsion du navire et des systèmes de sécurité. Il devra être remorqué à Seattle pour des réparations.

Lancée dans le forage en Arctique depuis les années 2000, Shell a dépensé plus de 4,5 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) sur six ans en permis d'exploration, matériel et personnel pour garantir aux autorités américaines et aux populations autochtones que son activité serait sans risque pour l'environnement. Elle a aussi dû faire face à 50 procès de groupes écologistes. La compagnie pétrolière a déclaré qu'elle envisageait de revenir dans l'océan Arctique cette année, malgré ces revers.

Audrey Garric

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Albums Photos
Derniers commentaires
Newsletter
La Fin du Pétrole
  • Site unifiant les informations autour du pétrole, de ses dérivés, de sa raréfaction. Il apporte également des idées de l'après-pétrole. Ce site se veut informatif, pédagogique et écologiste.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Publicité